Un jubilé sans festivité
2020: Cette année est placée de fait sous le signe du 100è anniversaire de swissPersona. Cependant, le virus corona rend impossible la fête officielle de jubilé, et avec le «Lockdown» paralyse la Suisse par moment et déclenche la plus grande mobilisation de l’armée depuis la 2è Guerre mondiale.
Hans-UlrichBüschi
Président central d’honneur swissPersona
Traduction Jean Pythoud
En vérité: l’année jubilaire se présente comme une année de peur et de détresse. «Covid-19» ne maîtrise pas seulement la Suisse, mais le monde entier. Comme calamité globale, la pandémie a provoqué des centaines de milliers de victimes. En Suisse, la situation critique a conduit au régime du droit d’urgence du Gouvernement et, comme soutien à l’organisme de santé a, pour des périodes limitées, mobilisé quelque 8’000 militaires et de nombreux membres du service civil.
Les répercussions économiques sont aussi draconiennes. L’économie suisse se trouve, en partie, en modus de crise. C’est pourquoi un programme d’aide de plusieurs milliards a été mis sur les rails afin d’aider les personnes et les entreprises touchées par le «Lockdown». Le bon état des finances publiques a permis cet effort, mais ne peut pas résoudre tous les problèmes.
swissPersona a le vent en poupe
Du point de vue de swissPersona, le coup d’œil rétrospectif sur les années 2014 à 2020 est très réjouissant. Par la fondation de la section Romande en 2015, pour la première fois l’association s’établit sur toute la Suisse. Avec l’adjectif «swiss», l’objectif visé depuis des années s’est concrétisé.
Une offensive intelligente de promotion a aussi porté ses fruits: Pour la première fois depuis 1994, une augmentation du nombre de membres a pu être enregistrée. L’engagement résolu de swissPersona et de l’AdI contre le relèvement de l’âge de la retraite à 65 ans pour le corps des instructeurs a été un appui déterminant pour ce succès. L’AdI pouvait même compter dans ses rangs le chef de l’armée, le Commandant de corps André Blattmann.
Les finances de l’association sont à nouveau sorties des chiffres rouges, ceci grâce au relèvement de la cotisation des membres et aux mesures ciblées d’économies et de réorganisations. La réorganisation du Comité central s’est avérée comme appropriée en ceci que les présidents de sections y ont pris place au lieu des représentants régionaux. La fonction de «contact direct» exercée dans les entreprises par les représentants régionaux a été reportée sur la nouvelle conférence des personnes de contact.
Économiser malgré les excédents de recettes
Une forme excellente des finances fédérales réjouissait jusqu’à l’arrivée de «l’année Corona» 2020. Avec une belle régularité, il a été enregistré de beaux excédents de recettes de l’ordre de plusieurs milliards. Malgré cela, l’employeur Confédération a pris des mesures d’économies. La suite en a été les protestations de la part des associations qui ont eu peu d’effet malgré l’audition par les Commissions des finances des Chambres fédérales. La situation était si tendue que les représentants du personnel se sont vus contraints, dans une pétition, d’exhorter le Conseil fédéral à un meilleur respect du partenariat social. Afin de rassembler les forces, les associations de personnel, dont swissPersona, ont fondé «IG Bundespersonal».
Dès 2019, l’employeur bien doté accorda enfin à son personnel, en plus de la compensation du renchérissement, une amélioration tant attendue du salaire réel. Dans un geste de solidarité avec les victimes du «Lockdown» du Corona, les associations de personnel ont renoncé clairement à toutes revendications salariales pour l’année suivante.
À la suite de l’introduction des intérêts négatifs par la Banque nationale, PUBLICA (caisse de pensions de la Confédération) se retrouve aussi dans le courant des mesures de restructurations. Par deux fois en suivant, le taux d’intérêt technique et le taux de conversion ont été rabaissés, ce qui a conduit à des préjudices décisifs dans les rentes.
Lors de la deuxième élection à l’Assemblée des délégués de PUBLICA 2016, swissPersona a perdu un de ses cinq sièges. En contrepartie, Etienne Bernard, président de l’AdI, a été élu dans l’organe paritaire.
La RUAG en mutation
L’entreprise industrielle RUAG, appartenant à la Confédération, a des années mouvementées derrière elle: le Gouvernement a décidé qu’au 1er janvier 2020, la RUAG soit fractionnée en MRO Suisse et en RUAG International. En lieu et place de l’ancienne RUAG Holding, une nouvelle société par participation a été créée et est responsable de la décartellisation et du développement des deux Subholdings.
La RUAG International doit se développer en un trust Aerospace-technologie et être privatisée à moyen terme. La MRO Suisse a reçu le rôle d’un centre de compétences du matériel de l’armée. Enfin, l’Ammotec à Thoune est à disposition à la vente malgré la résistance des associations de personnel touchées et de la politique.
DEVA = premier pas vers une armée professionelle?
En 2014, le Conseil fédéral annonçait une nouvelle réforme de l’armée par le projet «Développement de l’armée» DEVA. Selon la décision du Parlement, elle comportera encore 100’000 militaires et effectuera 5 millions de jours de service par an. Le cadre budgétaire annuel sera de 5 milliards de francs. Le départ officiel du projet fut en l’an 2018.
Selon son auto-déclaration, le «Groupe Giardino», une association de citoyens inquiets ainsi que des militaires actifs ou anciens, nourrit le soupçon que le DEVA donne le coup de grâce au principe de milice et mette fin à «la crédibilité de l’armée». L’essai de couler le projet par les urnes a été un flop: le aspiré n’a pas abouti.
Le DEVA exigeait un nouveau concept de stationnement de l’armée. Diverses mesures de renoncement en ont été la conséquence, ainsi la suppression de trois aérodromes militaires et de cinq places d’armes. Trois places d’armes ont été regroupées, diverses places de tir et centres d’instruction fermés.
Ces mesures, ainsi que le plan de stabilisation 2017–2019 ont conduit à la perte d’autres 300 postes au DDPS, en plus des 1’800 postes supprimés depuis la mise en œuvre en 2003 des freins aux dépenses. En 2016, comme mesure d’accompagnement, un comité paritaire de conduite de gestion du personnel et de restructuration a été mis en place dans le domaine D du DDPS.
Consultation populaire comme partie de poker
En 2019, la Suisse recevait sa première ministre de la défense en la personne de la Conseillère nationale valaisanne PDC Viola Amherd. Cette élection a été saluée dans de larges cercles comme coup de chance pour l’armée en mutation et, en particulier, pour l’importance éminente de la votation populaire du 27 septembre 2020 sur l’acquisition de nouveaux avions de combat. Ceci a été une parfaite partie de poker: le crédit cadre de 6 milliards de francs a été accepté avec une mince majorité de 50,1 % des voix. ■ (Lors de l’assemblée extraordinaire de l’AdI sur l’âge de la retraite planifié à 65 ans, les instructeurs adoptent à l’unanimité la résolution «Pas d’autre réduction de prestation chez le personnel militaire».) (Photo Beat Wenzinger)