swissPersona
Interview avec Stefan A. Dettwiler

«J’ai beaucoup apprécié le soutien réciproque dans les projets législatifs»

Interview Beat Grossrieder
Secrétaire central swissPersona
Traduction Jean Pythoud

Le 1er septembre 2002, et après plus de 14 ans, Stefan A. Dettwiler a transmis sa charge de directeur de l’Assurance militaire à son successeur Martin Rüfenacht. Le secrétaire central de swissPersona s’entretient avec Stefan Dettwiler.

Beat Grossrieder: Cher Stefan, quelles étaient les raisons de ta démission?
Stefan A. Dettwiler: Après 27 ans à la SUVA et plus de 14 ans comme directeur de l’Assurance militaire et à 60 ans, j’ai décidé de quitter la SUVA à fin septembre 2022. Bien que ce soit une préretraite, je demeure encore actif dans de nombreuses activités et projets. Le moment est favorable car les discussions législatives sur la limitation du champ d’assurance de l’Assurance militaire ont pu être terminées avec succès et d’autres projets numériques sont à l’ordre du jour et vont demander plusieurs années. Ainsi, la situation initiale pour un successeur est excellente pour celui qui reprend cela. Avec Martin Rüfenacht nous pouvions gagner un juriste expérimenté et un cadre compétent lequel peut assurer un passage sans encombre.

Dans ta carrière, quelles phases ont été les plus belles et lesquelles les plus difficiles?
Dans mes nombreuses activités à la SUVA, j’ai pu rencontrer des personnes intéressantes et, avec mes collaborateurs, changer un certain nombre de choses. Comme jeune avocat, dans le département juridique, j’ai pu me former dans tous les thèmes de l’assurance accident et aussi durant quatre ans de conduire l’association du personnel de la SUVA. La prise en charge de la direction de l’Assurance militaire a, certainement, été un grand pas dans la carrière. Naturellement, c’est unique qu’un office pour l’assurance militaire soit supprimé et son activité soit transmise à une organisation externe comme la SUVA et conduire quelque 100 collaborateurs. Ici, nous pouvions transposer les synergies sur la SUVA et augmenter la satisfaction des clients de manière significative. En résumé, nous avions les coûts bien en main à la satisfaction de la Confédération. L’influence politique de l’administration lors de projets législatifs était difficile à gérer. Ainsi, je fus souvent confronté à l’incompréhension, à la critique camouflée contre l’armée et à la jalousie envers les personnes assurées militairement, lesquelles jouissaient de soi-disant privilèges. Dans l’ensemble, les 27 ans auprès de la SUVA ont été très captivants et je ne regrette aucun jour.

Quels ont été les plus gros défis au cours de ton mandat?
Avec mes collaborateurs, nous avons pu bien intégrer l’Assurance militaire au sein de la SUVA et faire avancer la numérisation. Ainsi, nous étions bien équipés et lors de la pandémie nous pouvions, aussi par le télétravail, continuer nos activités à la satisfaction de nos clients. L’établissement du management du personnel et des groupes d’intérêts fut, pour moi, une activité très intéressante, de même que l’établissement de contacts avec les associations, avec les groupes d’assurés et leurs représentants fut très passionnant. J’ai apprécié l’introduction du contact annuel avec le Chef de l’armée. Les projets législatifs dans le cadre des efforts d’économies de la Confédération ont été très exigeants. Ici, je devais chaque fois produire un fort engagement en travail d’explication sur l’Assurance militaire. Pour finir ça a payé: l’Assurance militaire se présente comme une des meilleures assurances sociales.

Selon la volonté de quelques politiciens et Conseillers fédéraux, l’Assurance militaire devait être supprimée pour le personnel professionnel. Aussi l’exclusion des seuls retraités fut un thème. Heureusement, il en fut autrement. Quelles furent les raisons principales pour ce changement de cap?
Le militaire de carrière porte le même risque d’accident et de maladie que le milicien. Traiter le militaire de carrière autrement que le milicien et l’exclure de l’Assurance militaire n’a aucun sens. Pour les retraités, la situation administrative est simple. Sans quoi nous serions confrontés avec des discussions sans fin concernant la couverture des rechutes ou des séquelles. C’est aussi la raison pour laquelle, dès 1998, les retraités ont eu la possibilité de rester assurés auprès de l’Assurance militaire, ceci contre paiement de primes. Les raisons financières ont été déterminantes: nous pouvions démontrer que la solution actuelle était la plus avantageuse pour tous les intéressés – aussi pour la Confédération et les cantons. En plus, swissPersona s’est fortement engagée pour la solution actuelle et le Conseil fédéral a prêté une oreille attentive aux associations de personnel.

Pour le personnel de carrière, pour les employés de l’Assurance militaire et aussi pour les assurés, quelles conséquences aurait eu la suppression de l’Assurance militaire?
Les coûts auraient augmenté pour les militaires de carrière. Dans une assurance maladie ils auraient dû payer les franchises et des primes élevées. Bien que l’Assurance militaire ait moins de volumes chez les militaires de carrière, par contre chez les retraités un investissement plus grand à cause des conflits lors de la délimitation des rechutes et des séquelles. Dans l’ensemble, les volumes de l’Assurance militaire auraient été réduits et auraient fait le jeu pour des discussions sur une suppression de l’Assurance militaire.

Dans les prochaines années, vois-tu d’autres risques venir sur les assurés à l’Assurance militaire?
La pression d’économies de la Confédération va, certainement, continuer à déterminer la législation et les avantages de l’Assurance militaire pour tous les concernés et devront toujours être expliqués à nouveau.

En quoi l’Assurance militaire se différencie-t-elle des autres assurances privées?
L’Assurance militaire n’est pas une assurance privée, mais une des assurances sociales de la Suisse. En ce sens elle est unique, car elle assure la maladie et l’accident dans le domaine obligatoire. La différenciation malheureuse entre accident et maladie tombe et les prestations sont complètes. Ainsi, d’un coup, les risques de maladie et d’accident peuvent être couverts de manière économique. En principe, elle serait un exemple pour la Suisse.

Comment as-tu vécu la collaboration avec swissPersona et l’association des instructeurs?
La collaboration avec swissPersona et l’association des instructeurs, je l’ai vécue de manière très positive. J’ai particulièrement et beaucoup apprécié les contacts personnels et la sincérité. Nous pouvions entretenir une excellente collaboration et je me suis réjoui de chaque invitation à des manifestations. Pour nous, les militaires de carrière et les retraités sont un groupe-clé et le contact direct avec les associations et les assurés m’était toujours très important. J’ai beaucoup apprécié le soutien réciproque lors des projets législatifs.

Et ton avenir, comment se présente-t-il?
D’autres défis me réjouissent et, chaque jour, je suis reconnaissant d’être en santé. Politiquement, je suis toujours actif en tant que conseiller communal à Eich et, actuellement, je prends part à la campagne électorale comme conseiller au Grand conseil de Lucerne (élections en avril 2023 dans le district de Sursee). Professionnellement, je continue mon activité indépendante d’avocat. La musique est une grande passion et j’espère pouvoir être actif comme organiste et pianiste. Je souhaite pouvoir encore faire une étude ou un diplôme comme organiste. Dans l’ensemble je me réjouis d’avoir plus de temps pour les amis et pour la famille.

Cher Stefan, nous te remercions pour ta collaboration et ta coopération que nous avons vécues et qui, pour nous, ont été très importantes. Nous te souhaitons le meilleur et beaucoup de succès sur ton nouveau chemin de vie. ■ (Photo: Stefan A. Dettwiler)

News